Réduire le matériel

Introduction: le minimalisme

N’avez-vous jamais constaté que le plaisir d’acheter un nouvel objet laisse place après quelques semaines à de la lassitude voire de la frustration ? Le marketing nous vend que ce qu’on possède déjà n’est pas suffisant et qu’on a besoin de plus pour être heureux. Alors sans l’admettre, on tombe dans le panneau et on achète la meilleure BMW « parce que j’ai besoin d’une voiture fiable » ou le dernier Iphone « parce que celui d’avant ne prenait pas d’assez belles photos ». On se construit des justifications auxquelles on croit dur comme fer et on les lance avec ferveur à ceux qui oseraient remettre notre achat en question. Nos objets sont satisfaisants jusqu’à ce qu’en sorte d’autres censé résoudre un problème qui n’existait pas. On finit par s’y accommoder jusqu’à se demander « Comment je faisais avant d’avoir une Apple Watch ? », en oubliant que cela n’avait absolument aucun impact sur notre bonheur. Alors tels des bousiers, nous accumulons une boule de merdes inutiles jusqu’à ne plus parvenir à la transporter.

Et si posséder ne contribuait pas au bonheur ? Quand vous repensez aux bons moments du passé, pensez-vous aux fous rires que vous avez eu avec vos amis pendant le diner ou aux verres en cristal tous neufs que vous aviez acheté pour l’occasion ? Pire, le matériel n’est-il pas une distraction des vraies sources de bonheur ? On travaille comme des acharnés pour financer tout nos objets, et en rentrant du boulot on passe notre temps à les ranger, les entretenir, les nettoyer ou en acheter d’autres. On sacrifie pour le matériel notre ressource la plus précieuse: le temps. On subit notre situation sans nous rendre compte qu’elle n’a rien d’une fatalité.

Parfois, l’objet représente la contrainte directement: « J’ai trouvé un meilleur boulot loin d’ici, mais on ne peut pas quitter la maison, les enfants et nous y sommes attachés ». On s’y attache comme à un boulet parce qu’on repense aux moments incroyables qu’on a passé dedans, sans concevoir qu’elle n’y était pour rien. Ces bons moments auraient été les mêmes dans une autre maison. Avec objectivité, la situation est presque burlesque: c’est un tas de pierre immobile et impotent qui empêche quelqu’un de faire ce qu’il veut.

Le minimalisme, c’est:

• Avoir moins pour pouvoir faire plus
• Se libérer des contraintes matérielles

Si le mieux est l’ennemi du bien, le peu sera son ami le plus précieux

Hugues Pansera (Naissance de Propolis)

Principes minimalistes

Principe n°1 : Objet = Service

La possession d’un objet n’a de sens en soi que par le service qu’il rend : Il s’agit d’une nécessité à la réalisation de certaines activités. Si vous achetez une console de jeu, ce n’est pas juste pour la posséder, mais bien pour te permet d’accéder à l’activité « jouer aux jeux-vidéos ». On a déifié les objets en oubliant qu’ils existent uniquement pour remplir une fonction. Ils doivent nous aider, pas nous freiner.

Principe n°2 : Objet = Argent + Temps + Stress

Un objet nous coûte trois formes de ressource à la fois:

• L’argent: L’explique dans le chapitre Réduire les dépenses inutiles que le coût d’un objet ne correspond pas à son prix d’achat
• Le temps et l’énergie alloué à la maintenance, au rangement et/ou au nettoyage l’objet
• Le stress et la charge mentale venant des risques liés à la possession de l’objet : Le perdre, se le faire voler, le casser, …

Comment devenir minimaliste ?

Devenir minimaliste est très simple et consiste en deux étapes:

1. Désencombrer sa maison: Se débarrasser de tout le superflu
2. Consommer plus consciemment: Afin de ne pas réencombrer par la suite

Désencombrer

Désencombrer sa maison est le baptême du minimaliste. Beaucoup disent qu’il faut le faire en une fois et c’est vrai, il faut faire un grand tri d’un coup pour éviter de se dire qu’on « le fera plus tard ». Mais en réalité cela prend des années avant d’arriver à son équilibre, car après le premier tri, il reste toujours des affaires « dispensables ». On réduit de plus en plus au fur et à mesure des années jusqu’à arriver à notre limite. Celle-ci est individuelle et la majorité des minimalistes n’arrivent jamais au stade de l’appartement blanc et vide que mettent en avant les détracteurs du minimalisme.

1) Trier

La première étape consiste à trier, c’est à définir tous les objets qui vont partir. Je vous propose de procéder par niveau:

Niveau facile

Il y a pleins d’objets que vous savez déjà que vous n’allez plus utiliser: Les VHS qui trainent au grenier, les T-Shirts troués, … Commencez par vous débarrasser de ceux-ci, ça fera de la place pour la suite. L’avantage est que c’est plutôt facile, et que les résultats sont rapides. Ca vous permet de commencer à apprécier l’espace qui s’est libéré et l’intérêt de la démarche.

Niveau difficile

La démarche du niveau facile vous a certainement confronté à des objets pour lesquels vous doutez entre les garder et les jeter. Voici ces catégories d’objets et comment les gérer:

• Objets « au cas où »: Ce sont les objets pour lesquels on se crée un scénario d’une situation dans laquelle ils pourraient servir. Mettez-les en « quarantaine » dans un carton pendant 6 mois et ne gardez que ceux que vous avez sorti du carton pendant cette période. Rassurez-vous lorsque vous vous débarrassez de ceux qui sont encore dans le carton en vous disant 3 choses:
  • Vous pouvez racheter l’objet en quelques heures si le scénario se produisait.
  • Vous ne perdrez pas d’argent car vous n’aurez besoin un jour que d’un objet sur 10. Donc si vous les vendez tous et ne rachetez que ceux qui finissent par vous servir, vous aurez quand même gagné des sous.
  • Vous avez gardé tellement d’objets au « cas où » que vous ne vous souviendrez même pas de leur existence si la situation venait à se présenter.
• Les remplaçants: Ce sont les objets qui sont censés en remplacer un autre si ce dernier venait à casser. Gardez ceux qui vont servir bientôt et vendez tous les autres. C’est frustrant mais cette situation s’est produite à la base parce que vous acheté par anticipation pour le plaisir d’acheter.
• Les doublons: Se servir de tous les objets ne veut pas dire qu’ils sont tous utiles. Si deux objets ont la même fonction, débarrassez-vous du moins bon.
• Objets sentimentaux: Gardez-en quelques-uns surtout s’ils ont une vraie fonction, mais débarrassez-vous de ceux que vous n’avez pas sorti du placard depuis des lustres.

Niveau expert

• Contentez-vous du minimum viable. Par exemple: si vous faites une lessive tous les week-ends, vous n’avez besoin que de 5 chemises (une pour chaque jour ouvré).
• Combinez les usages. Par exemple: Si vous avez un pull, un gilet, une doudoune et une polaire, gardez celui qui fonctionne dans toutes les situations.

2) Se débarrasser

Classez la pile des trucs qui partent en 3 catégories:

• Cher: Vendez-les sur Leboncoin ou dans une brocante
• Pas cher mais fonctionnel: Donnez-les à des proches ou à une association comme Emmaüs
• Non-fonctionnel ou désuet: Direction déchèterie

3) Organiser ses fichiers

Bien que les fichiers soient par définition dématérialisés, ceux-ci drainent tout de même votre énergie mentale. Faites un gros ménage dans les fichiers (notamment les photos) puis organisez les dossiers de manière claire. Par exemple:

• Photos (à subdiviser en dossiers par date ou par thème)
• Papiers (à subdiviser par thème: véhicules, logement, fiches de paie, …)
• Projets
• Travail

C’est également l’occasion de trier ses dossiers papier en ne gardant que ceux qu’il est nécessaire de garder et en scannant les plus importants. Vous ne voulez pas perdre vos diplômes et vos fiches de paie si la maison brule.

4) Ranger

Avoir moins c’est bien, mais ça ne règle pas tous les problèmes. Vivre dans un environnement mal rangé draine notre énergie mentale en nous distrayant constamment. Pour éviter de perdre du temps à chercher des choses, rangez-les toujours au même endroit d’une manière logique. Une fois que tout est rangé, prenez le réflexe de ne jamais rien laisser trainer. Il faut se forcer même quand vous êtes fatigué, car ça prend 5 minutes et ça évite d’y perdre une après-midi tous les mois. Mieux: Vous n’aurez plus jamais à faire de « grand ménage de printemps ».

Consommer plus consciemment

Le gros avantage d’avoir désencombré, c’est que vous vous êtes rendu compte de l’effort que ça prend de se débarrasser d’un objet. Ca change complètement votre façon d’acheter: vous voulez être sûr que l’objet servira car vous ne voulez pas passer à nouveau des plombes à le vendre sur Leboncoin. Par connexion, cela permet de prendre ses décisions d’achat de manière plus conscientisée, plus rationnelle, plus en adéquation avec vos besoins réels et moins basé sur des impulsions. Voici d’autres conseils pour mieux consommer:

• Choisissez l’option la plus efficace, car quitte à avoir un objet, autant qu’il remplisse le plus de fonctions possibles.
• Achetez en occasion, ou à défaut l’option viable la moins chère. La valeur d’un objet est divisé par deux à l’instant même où on ouvre l’emballage. Cela permet de dépenser moins pour avoir la même chose et surtout d’être complètement détaché de la peur de le casser ou de le perdre. A l’heure où j’écris ces lignes, je voyage avec un téléphone de sous-marque à 100€, et je peux vous assurer que je dors mieux la nuit que les propriétaires d’un Iphone tout neuf à 1000€.
• Si vous utilisez un objet moins d’une fois par an, louez-le ou empruntez-le.
• Si vous avez un profond désir d’acheter quelque chose de dispensable, demandez-vous si cet argent ne pourrait pas plutôt servir à financer vos rêves (voyager, sauter en parachute, …)
• Réparez les choses défectueuses plutôt que d’en racheter des autres

Pour aller plus loin

Pour des conseils plus précis sur le minimalisme, je vous recommande ce blog:

Minimaliste : comment le devenir en 9 étapes !